Là-bas son fils de deux ans, malade, meurt. Quelque deux millions de Cambodgiens, soit environ un quart de la population, meurent d'épuisement, de famine, de maladie ou à la suite de tortures et d'exécutions. Pourquoi les accuser d’être membres de la CIA alors qu’ils avaient juste cassé un outil ou commis un méfait ? Une estimation haute porte le nombre de victimes à 2 200 000 morts[63], sur une population d'environ 7 890 000 habitants à l'époque. L'inculpation repose sur la conviction des juges d'instruction que les dirigeants khmers rouges ont voulu détruire deux communautés spécifiques, celle des Chams musulmans et celle des Vietnamiens. Michael Vickery s'en tient à l'estimation basse de 740 000 morts, sur la base d'estimations démographiques différentes de celles de Kiernan[62]. Le centre de détention le plus connu est la prison de Tuol Sleng, connu sous le nom de code S-21. Le sort des minorités ethniques au Cambodge n'est pas homogène. Ensuite, leur situation empire nettement. Duch, hautain depuis le début de l’audience avec ce témoin pour qui il n’a visiblement pas d’estime, lui répond comme à un mauvais élève : « Monsieur Mey, j’aimerais préciser que comme vous assistez depuis longtemps aux débats, vous devez savoir que la CIA fait référence à toute personne de la partie adverse. Vous pouvez reprendre place. Un peu plus tard, c’est son propre avocat qui prie Chum Mey de se reprendre vite parce que le temps des parties civiles est compté. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Un réparateur envoyé à S21. Y a t il un site pour le commander . By Adam Carr. Quel jour ? Les dirigeants khmers rouges ne reconnaissent aucun massacre de grande ampleur, Pol Pot déclarant en 1979 que « seuls quelques milliers de Cambodgiens ont pu mourir à la suite d'erreurs dans l'application de notre politique consistant à donner l'abondance au peuple » et Khieu Samphân parlant en 1987 de 3 000 victimes d'« erreurs », de 11 000 exécutions d'« agents vietnamiens » et de 30 000 assassinats par des « agents vietnamiens infiltrés »[66]. Malgré son renversement, le mouvement khmer rouge bénéficie du soutien d'un ensemble hétéroclite d'États (la République populaire de Chine, mais aussi, entre autres, la Thaïlande et les États-Unis) ayant chacun des raisons de vouloir gêner le Viêt Nam et son protecteur soviétique. On Monday, former prisoner Keo Chandara told the Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia (ECCC) — a tribunal created to investigate the atrocities committed by the Khmer Rouge — … « Il y avait des cannes de bambou, des cannes en rotin, des branches tressées, se souvient le témoin. Les adversaires, les opposants. Il a également réparé les machines à écrire. Quand l’Angkar annonce qu’elle cherche des mécaniciens, il se porte candidat, il est recruté et part pour Phnom Penh. « Vous avez dit que vous attendiez ces mots depuis près de trente ans. Ce n'est qu'à partir de 2004 que les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens ont été mises en place, sous la pression internationale, pour juger les responsables khmers rouges. Les moines bouddhistes sont forcés de se défroquer, ceux qui refusent étant systématiquement éliminés[37]. Il n'existe pas de consensus sur le nombre total de victimes ; toutefois, les 1,7 million de morts (soit 21 % de la population cambodgienne de l'époque) évalués par le programme d'étude sur le génocide cambodgien de l'Université Yale semblent de nos jours le chiffre le plus crédible. » La vérité des interrogateurs de S21 consiste à reconnaître que le prisonnier appartient à la CIA ou au KGB. Ils ont tordu l’ongle avec la pince et comme l’ongle ne venait, ils ont tiré. Ils étaient des ennemis du peuple », « tout individu qui ne reconnaît pas, qui minimise ou qui nie », « des actes commis avec l'intention de détruire, en totalité ou en partie, un groupe racial, ethnique ou religieux », « établir une société athée et homogène (en) supprimant toutes les différences ethniques, nationales, religieuses, raciales, de classe et culturelles », Henri Locard, « Tramkâk District in the Grip of the Khmer rouge », communication au colloque, Robbie Corey-Boulet – The Phnom Penh Post / Le petit journal – Cambodge/khmers rouges -, Barbaric crimes of a mystical communism seen through its own eyes, Parti révolutionnaire du peuple du Kampuchéa, Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, Deux ex-dirigeants khmers rouges condamnés pour crimes contre l'humanité, Il y a 30 ans, le premier procès au monde pour génocide, Trois anciens dirigeants khmers rouges inculpés de génocide, Deux anciens dirigeants khmers rouges condamnés à la perpétuité pour "génocide", Deux anciens dirigeants khmers rouges condamnés à la perpétuité pour «génocide», Les lieux de massacre du régime Khmer rouge, « Juger, après le régime des khmers rouges », Accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet, Insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est, Occupation de la République dominicaine par les États-Unis, Mouvement du 30 septembre 1965 en Indonésie, Invasion de la Tchécoslovaquie par le Pacte de Varsovie, Conflit frontalier sino-soviétique de 1969, Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, Coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili, Traités Salt sur la limitation des armements stratégiques, Incident du peuplier dans la Joint Security Area, Coup d'État du 12 septembre 1980 en Turquie, Traité INF sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, Révolution démocratique de 1990 en Mongolie, Conférences de la guerre froide en Europe (1945-1955), Liste des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, Traités internationaux de la guerre froide, Organisation du traité de l'Atlantique Nord, Dissuasion et prolifération nucléaires pendant la guerre froide, Forces armées de l'OTAN et du Pacte de Varsovie, Liste des traités de contrôle et de limitation des armements, Histoire du renseignement soviétique et russe, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Crimes_du_régime_khmer_rouge&oldid=177577894, Crime ou atrocité du mouvement khmer rouge, Page géolocalisable sans coordonnées paramétrées, Article contenant un appel à traduction en anglais, Catégorie Commons avec lien local différent sur Wikidata, Portail:Époque contemporaine/Articles liés, licence Creative Commons attribution, partage dans les mêmes conditions, comment citer les auteurs et mentionner la licence, 17 avril 1975 – 7 janvier 1979 (3 ans, 8 mois, 20 jours). La communauté catholique du Cambodge, très minoritaire, est proportionnellement l'une des plus touchées parmi les groupes ethniques et religieux : le nombre de « disparus » est évalué à 48,6 %[51]. Par CIA on voulait dire tous les adversaires du PCK. Toute forme d'expression artistique ou de divertissement, y compris les chants d'amour ou les plaisanteries, est bannie, seuls les chants et poèmes révolutionnaires étant tolérés. C’était la première fois de ma vie que je m’étendais ainsi à même le sol. » Pour lui, les morts ont des noms avant de s’incarner en chiffres. Copieusement insulté (« A’ceci, A’cela », soit « méprisable ceci, méprisable cela »), il subit différentes techniques de torture dont la plus courante est le passage à tabac. Marek Sliwinski avance les chiffres de 37,5 % pour les Vietnamiens, et 38,4 % pour les Chinois[53]. Blog sur les procès des Khmers rouges Duch, Khieu Samphan, Ieng Sary, Nuon Chea, Ieng Thirith. – Est-ce que cela a été fait lors d’une séance de torture ou lors de plusieurs séances ? Le témoignage de Chum Mey, significatif sur la torture, s’avère plus limité concernant Duch, les relations avec les gardes de S21 et les relations entre les détenus. Des massacres de centaines de Vietnamiens, parmi les milliers restés au pays, ont lieu durant cette période. The Khmer Rouge leaders and their Chinese advisors were running for the Thai border. Ancien protectorat français, le Cambodge obtient son indépendance le 9 novembre 1953, à la fin de la guerre d'Indochine. J’étais battu avec une canne de l’épaisseur d’un pouce et quand la canne cassait, ils en prenaient une autre. « Il y avait comme un son dans ma tête. […] Mais comme je donnais toujours la même réponse que je ne connaissais pas la CIA et le KGB, ils ont pris des pinces pour arracher mes ongles de pied. « Je n’oublierai pas ce que j’ai enduré à S21 jusqu’au jour de ma mort et ce n’est que quand justice sera rendue que je me sentirai mieux. La hiérarchie du clergé bouddhiste cambodgien, accusée de « féodalisme » ou de liens avec le régime de Lon Nol, est rapidement victime de purges et plusieurs vénérables sont exécutés. « Ils ont utilisé notre krama pour nous bander les yeux », se souvient Chum Mey. Les déportés, dont l'effort nécessaire n'a fait l'objet d'aucune évaluation, sont mis au travail dans des conditions désastreuses, marquées par une sous-alimentation chronique. A cet instant précis, le témoin n’avait besoin que de compassion, d’empathie et d’un silence respectueux de sa douleur viscérale. Quand les Khmers rouges envahissent Phnom Penh le 17 avril 1975, le monde était loin de se douter que cela marquait le début d'une dictature qui allait provoquer la mort du quart de la population du pays. Néanmoins, dès la réunion du 20 mai 1975 qui suit la chute de Phnom Penh, Pol Pot prévoit la sécularisation forcée de tous les bonzes et leur mise au travail dans les rizières[48]. L'ensemble des crimes commis par les Khmers rouges est souvent présenté comme un génocide. Le régime des Khmers rouges fait tout pour desserrer les liens familiaux. Concernant le bouddhisme (theravāda), religion majoritaire au Cambodge, les Khmers rouges font preuve d'une ambivalence certaine, du moins au tout début de leur régime. On avance le chiffre de 50 % pour ce qui est du taux de mortalité des quelque 400 000 Chinois du Cambodge, et bien plus pour les Vietnamiens restés après 1975. Certaines sources évoquent plus de 3 millions de morts, dans la mesure où le recensement de 1971 effectué au Royaume du Cambodge était incomplet, négligeant par exemple un grand nombre de réfugiés, victimes des bombardements américains, dans l'est du pays, à la suite des conséquences de la guerre du Vietnam. Et je ne pense pas qu’on les ait éliminé. Le nettoyage des centres urbains a notamment pour conséquences de faciliter la constitution d'un pouvoir totalitaire, et de « khmériser » les villes, dont toutes les minorités ethniques non khmères sont chassées[33]. Les seuls citoyens de « plein droit » se trouvent dans le « peuple de base », les habitants des zones tenues depuis plusieurs années par les Khmers rouges[38]. Le tribunal parrainé par l’ONU a rendu vendredi un verdict historique contre le régime des Khmers rouges, qui a conduit à la mort près de 2 millions de personnes entre 1975 et 1979. Entre 10 000[29] et 20 000[30] personnes trouvent la mort au cours de l'évacuation de Phnom Penh. La population cambodgienne est divisée en plusieurs catégories : les anciennes élites du régime de Lon Nol, et ses partisans réels ou supposés deviennent les « déchus », ou le « peuple ancien » ; les habitants des régions prises en 1975 deviennent le « peuple nouveau », ou les « candidats » (à un statut de citoyen). Le Kampuchéa démocratique ne compte officiellement pas de prisons. Hou Yuon, l'un des dirigeants du mouvement, se déclare hostile à ce plan et s'oppose à Pol Pot ; il « disparaît » ensuite définitivement[19]. Il est possible d'être condamné à mort pour avoir giflé son fils. Pendant de longues années, une difficulté demeure pour classer les massacres commis par les Khmers rouges dans les quatre types de génocides (s'appliquant aux groupes nationaux, ethniques, raciaux ou religieux) reconnus par l'ONU. Pendant 12 jours et 12 nuits, Chum Mey est soumis à la torture dans une pièce du bâtiment sud de la prison. Licence. La crémation des morts est remplacée par l'ensevelissement des cadavres, sans aucun rite funéraire, au mépris de toutes les traditions khmères. Le 28 octobre 1978, Chum Mey est incarcéré dans une cellule individuelle sans autre forme de procès. Dans certaines zones, le manque de denrées est délibérément utilisé comme arme par le régime pour soumettre ou punir la population : dans la Zone Sud-Ouest, les « peuples nouveaux » font l'objet de persécutions accrues en 1977 et 1978, et le Centre aggrave la famine en augmentant ses réquisitions de riz. La République populaire du Kampuchéa et le Viêt Nam ont avancé, pour évaluer les crimes du Kampuchéa démocratique, le chiffre de 3 100 000 victimes[60]. Souvent sous la menace, les habitants de la capitale, soit environ deux millions de personnes dont beaucoup de paysans réfugiés en ville pour échapper à la guerre, doivent quitter leurs logements, dans l'urgence et dans des conditions désastreuses. ». Philip Short note la difficulté d'établir une estimation exacte, du fait des « disparités considérables » selon les zones et de la surreprésentation des citadins (principales victimes du régime) dans les études et de l'incertitude de la démographie du Cambodge dans les années 1970. L’interrogateur pose ses questions sur la CIA et le KGB, si le détenu parle d’autre chose, il le frappe. Pol Pot et d'autres responsables khmers rouges ont rencontré Mao Zedong à Pékin en juin 1975, recevant approbation et conseils, tandis que des hauts fonctionnaires du PCC tels que Zhang Chunqiao se sont ensuite rendus au Cambodge pour offrir de l'aide[2],[4],[23],[24]. Ancien lycée, Tuol Sleng est placé directement sous le contrôle du « Centre » — soit du Parti communiste du Kampuchéa — et placé sous la responsabilité de Kang Kek Ieu (alias Douch). Ayant fait appel de sa condamnation, « Douch » a été à nouveau condamné le 3 février 2012, mais cette fois à la prison à vie[70]. Entre mai et septembre 1975, environ 150 000 civils vietnamiens sont expulsés du Cambodge (officiellement rapatriés sur la base du volontariat). Les communistes cambodgiens du Parti révolutionnaire du peuple du Kampuchéa, eux-mêmes composés pour partie d'anciens khmers rouges, sont ainsi les premiers à utiliser le terme de « génocide » pour qualifier les actes du régime de Pol Pot, dont ils souhaitent avant tout se démarquer. Je n’ai pu que m’allonger sur le dos en attendant d’être tué. « On m’a dit de dire la vérité. Pol Pot et son entourage établissent un système social qui met l'ensemble de la population dans une situation proche de l'esclavage, toute forme d'activité étant théoriquement décidée par l'Angkar et soumise à son contrôle[35]. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Là-bas son fils de deux ans, malade, meurt. Alors que l'interminable procès des Khmers rouges suit son cours, des rescapés de ce régime sanguinaire ont témoigné du calvaire qu'ils ont vécu. A la suite de ces douze jours et douze nuits, Chum Mey n’est pas soigné. De 1975 à 1979, dans l’ex-école de Tuol Sleng, la machine de la mort khmer rouge a tourné à plein. Le président l’autorise à poser deux questions à Duch. Longtemps, Chum Mey contient sa colère. Par exemple, l’un des principaux dirigeants de la résistance, Khieu Samphan, a soutenu en France sa thèse dans laquelle il prônait un développement autarcique du Cambodge, fondé sur l’agriculture. Le président sourit en posant cette question, d’un sourire malsain, déplacé. Leurs noms : Seng, Thit et Hor (ce-dernier ne faisait que frapper et insulter : « Fils de pute ! Pendant cette période j’avais tellement peur que je ne pouvais les regarder dans les yeux. Pol Pot définit un plan comprenant l'évacuation de la population de toutes les villes, la sécularisation de tous les moines bouddhistes et leur mise au travail dans les rizières, l'exécution de tous les dirigeants du régime de la République khmère et l'expulsion de la minorité vietnamienne du Cambodge. ... Les Khmers rouges ont perpétré un génocide contre leur peuple. Leur procès s'est ouvert le 27 juin 2011[69]. Just two days before the Vietnamese army discovered S-21 Prison, Deeds and Delance were burned alive. Les récoltes sont pour la plupart misérables et les rations alimentaires baissent en proportion. On est dans une cour d’école, il y a plusieurs bâtiments qui nous encerclent. Ben Kiernan insiste au contraire pour sa part sur le caractère spécifiquement racial de nombreuses persécutions, qu'elles aient touché des groupes religieux, ethniques ou nationaux[76]. Dès 1973, les Khmers rouges se heurtent à leurs alliés théoriques, les Khmers rumdo (en) — partisans de Sihanouk membres du Front uni national du Kampuchéa — et assassinent plusieurs de leurs cadres. De nombreux temples sont victimes de vandalisme, bien que davantage de lieux de culte que prévu semblent avoir survécu au régime Khmer rouge[49].